Profiter de la vie : Léonard de Vinci en super-héros...
Il y a 5000 pages : 6 janvier 2010
La vidéo de la semaine : au fil de l'eau
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Et là, oui, j'ai résisté hier...
 
Mais aujourd'hui...
_
Un jour pas facile...
 
Un jour où j'aurais aimé être Léonard de Vinci en super héros profitant de la vie...
 
Et encore, j'ai failli rajouter au Japon ou en Jedi...
 
Ou en mangeant une soupe miso au Japon avec un dauphin...
 
Mais non, pour ne pas user trop les ressources de la planète aujourd'hui, je me suis contenté des 8 premières images...
 
même les moches au niveau des yeux...
 
Oui, mais demain tu vas le faire, tu vas le faire Léonard de Vinci en Jedi profite de la vie au Japon, hein ?..
 
?!?
 
...
 
Et là, je dois avouer que je suis faible et qu'il va falloir que je trouve des moyens de compenser mon empreinte carbone...
 
Dédié à mon empreinte carbone (car c'est vrai que ça consomme beaucoup d'eau et énergie de produire des images de synthèse, cong)
Retour Septembre 2023 / Page 7258 / © Ebatbuok 2023
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Bon, j'avoue, je suis faible...
Rafael Ebatbuok trouve un moyen de compenser son empreinte carbone après avoir généré trop d'images avec Dall-E

Hum...
 
Bon...
_
J'ai pas bien compris le moyen...
 
Mais au moins, j'ai tenté :)...
 


Un écho parmi d'autres, un écho du passé sur mon père que je laisse de l'année dernière, il y a des échos là

Et, hou... Un écrit, un comme ça parmi d'autres... Juillet 2002... Pourquoi est-ce que je ne me suis pas relu plus tôt ?
Quelqu'un est mort...
Minuit 2, le 4 juillet.
Je suis très content du titre du chapitre du jour parce que je sens que je ne vais pas beaucoup décoller du sujet.
Procédons dans l'ordre.
Hier soir, vers une heure 15, alors que j'étais installé avec Kat, " j'entends " :
- Quelqu'un est mort.
Mon intuition m'a hurlé que c'était lié à une des personnes présentes dans la maison. Quelques secondes à peine après, Kat me parle des elfes qui allaient mourir dans son roman. Je me suis souvenu de la veille où j'avais pensé à un air dans ma tête quelques secondes avant que Kat ne le siffle. Un air qu'elle n'avait pas chantonné de la journée. Des petites transmissions de pensées, quoi.
Ce matin, nous faisons une longue balade, découvrant une maison à flanc de falaise, des ruines datant de la guerre et de très belles côtes d'Ouessant. Nous revenons à la maison à l'heure pile pour passer à table et mon père me dit qu'un de ses potes est mort dans la nuit. Un cancer.
Je n'ai pas eu de frisson. J'ai plus fait un clin d'œil complice à Kat en disant :
- Tiens, j'ai eu un truc hier soir.
Mais, à vrai dire, le " quelqu'un est mort " s'applique plus à autre chose. Aux dernières lignes que j'ai jetées dans le chapitre précédent. Ca m'est monté dans la voiture pendant que ma mère parlait des frasques de mon père et ravivait des souvenirs que j'ai totalement occultés. L'impression que j'ai donnée hier de ce que je pensais de mon père n'était pas vivace au réveil. Je n'avais aucune défiance, aucune ombre, rien. Mais là, au fil de la route, pendant que la Bretagne défilait, le temps s'est arrêté et le récit des pires de ses frasques et de ses erreurs, conté par ma mère, a allumé une sorte de lumière en moi.
Mon père est un vraiment un fichu monstre qui s'ignore. Il a un immense complexe d'infériorité, au départ, qu'il a transformé en culte de l'ego. Tout est ramené à lui et à ses " extrêmes qualités " de marin. Il est parfaitement incapable de faire un tri dans sa mémoire et seule sa version des faits, une version recombinée pour qu'il ait le beau rôle fera jour. Les arbres défilaient, les buttes se dévidaient derrière ma vitre. Ma mère continuait à déballer les errances paternelles et je voyais pourquoi mon oncle, ma tante et ma sœur avaient jeté l'éponge. J'ai même été saisi, un court instant, de l'envie de la jeter moi aussi par la fenêtre, cette grosse éponge. Après tout, mon père peut très bien se débrouiller avec cette illusion ou façade du bonheur et ses ornières. De bien belles et grosses ornières avec lesquelles il a réécrit tout son passé en tuant la vérité et blessant, sans s'en rendre compte, presque tous ses proches, plus particulièrement sa femme, son fils et sa fille.
Je suis un peu gêné d'écrire cela ce soir parce que j'ai toujours affirmé que je ne voulais pas faire de procès. Mais force est de constater que mon intention était de faire un retour aux sources en allant à Ouessant et que m'a été jeté dans la face le souvenir de toutes les exactions de ce monstre qui s'ignore, de ce malade de la psyché. Il m'a aussi été jeté dans la face tout ce qui fait mes échecs et mes doutes et nombre de faiblesses de mon père que j'ai reproduites sans y prendre garde. Le mélange d'infériorité et de supériorité, la fuite des responsabilités dans le cadre familial, la capacité à rendre parfois les gens chèvres, même ceux qu'on aime, la dépendance…
Et ça m'a mis une sale claque. Ma mère vomissait les mots, racontait à quel point il avait pu être parfois immonde dans sa " soulographie ", et le vertige montait avant que cette petite voix me dise :
- Qu'est-ce que tu te fais chier ? Tu as trouvé ce qui a été le facteur externe qui t'a fait plonger. Tu es libre, maintenant. Tu sais qui a été l'instigateur de la plupart de tes maux. Et cette personne ne fait même pas exprès la plupart du temps. Elle est juste malade. Inutile de te prendre la tête. Vis ta vie.
Bon sang.
J'ai vraiment eu tort de ne pas regarder en arrière, de me voiler la face. Autant mon père a pu accomplir quelques grandes choses (avec un bon équipage pour l'épauler) dans son boulot, autant il était capable de mener une vie sociale active (l'argent peut aider, ne nous leurrons pas, mais il a le contact facile), autant il s'est planté royalement dans son ménage et l'éducation de ses enfants.
C'est à cause de lui que je n'ai pas de passé et que j'ai tout occulté. C'est à cause de lui que je ne me souviens de rien. Ma mère porte le poids de quelques erreurs dans le manque de démonstrations affectives, mais je n'ai jamais douté de son amour et de son esprit de sacrifice, même si elle ne sait pas bien employer le verbe aimer.
Vide, oubli, vacuité.
Et je reviens à cette putain de fenêtre que j'ai ouverte aujourd'hui. Je viens quand même de passer trois jours avec un diable qui a le cerveau détruit par une somme conséquente d'accidents de la vie ou de mauvais choix de parcours.
Mon père est un monstre.
Cette phrase m'a fait peur. Le paysage a cessé de défiler, tout devenait noir, les mots de ma mère s'estompaient et j'ai senti la douleur au côté qui revenait ainsi que des violentes piques aiguës au niveau de l'œil.
Un monstre irresponsable la plupart du temps.
Ce qui fait que je peux continuer à oublier et à m'arranger seulement avec ses quelques bons côtés.
Et puis j'ai cessé de vaciller.
Je ne serai pas un monstre. Je serai un exemple. Même si mon père n'aura jamais vraiment l'occasion de s'en rendre compte. Tant pis. Je ne l'abandonnerai pas comme l'ont fait beaucoup de gens même si j'entends parfaitement leur réaction de rejet. Je les comprends maintenant. Ils ont préféré éviter une nouvelle confrontation et ont fui le diable en oubliant que d'autres diables existent, bien pires et bien plus malades.
Sacré vieux con, comme je l'appelle affectueusement.
Il m'a appelé tout à l'heure chez ma mère pour me signaler que nous avions oublié le chargeur du téléphone portable. Il va me l'expédier à Angoulême. Je lui ai dit que je repasserai peut-être en Août. Il a été d'accord, mais en lançant un :
- Oui, mais je te préviens, il faudra que tu te démerdes pour tout, tu n'auras pas Maryvonne pour te faire le lit.
Il a aussi dit que nos conversations des deux nuits avaient été stériles et n'avaient mené à rien. Soit. Mais il a également avoué qu'il serait prêt volontiers à recommencer de telles soirées. Il me reçoit avec un certain bonheur chez lui, mais il continue à dresser mon bilan de la sorte :
- Pour moi, t'es un minable, un fainéant, un bon à rien.
Je dois vraiment développer des trésors de volonté pour supporter le choc et son extrême manque de savoir-faire.
Mais j'ai eu ma révélation aujourd'hui. Ca a été très souvent un monstre au quotidien, une bête immonde. Il est le centre de l'univers, la mesure par laquelle tout doit être jugé. C'est une sorte de psychopathe. Un malade du corps et de l'esprit. Mais le fait qu'il n'ait pas conscience du mal qu'il cause (du moins le plus souvent) lui confère presque une certaine innocence. Son âme pure perce parfois, surtout maintenant qu'il s'est posé en papy un peu gâteau pour sa petite-fille d'adoption. Malheureusement, pour la plupart des gens, ce n'est pas suffisant pour le racheter. Même pour moi ça ne l'est pas. C'est son immense faiblesse ou sa lâcheté qui l'ont fait sombrer dans l'abus de certains médicaments, le tabac et l'alcool. Son immense faiblesse qui peut se mesurer à l'aune de la mienne ou de mon manque d'ambition. Bien sûr, ses conditions physiques de vie n'ont pas été simples dans sa jeunesse et il a fallu qu'il ait des responsabilités tôt. Des responsabilités qu'il n'avait sans doute pas la capacité d'assumer, ce qui l'a poussé à boire. Cela dit, ses conditions physiques de vie n'ont peut-être pas été pires que mes conditions psychologiques si je prends bien la peine de songer à tout ça.
Alors tout ça amène à quoi ?
Au fait que je n'éprouve pas de haine pour mon père. Pas une seule once.
Et cette constatation est terrible. Parce que je réalise soudain que ce n'est pas non plus vraiment de l'amour que j'éprouve pour lui. Oh bien sûr, j'ai cet amour et cette tendresse qui sont liés au sang et au respect qu'on se doit d'avoir pour son géniteur. Un truc dans les gênes qui fait qu'on est un peu forcé d'aimer ceux qui nous ont faits.
Mais ce que j'éprouve le plus, c'est proche de la pitié.
Une putain de pitié. Et c'est un sentiment affreux pour la plupart des gens parce que ça place celui qui éprouve un tel sentiment dans une position supérieure, à la limite de la condescendance. Une position toujours gênante à assumer. Parce que ça ne fait pas bien de dire qu'on a pitié.
Et pourtant, c'est ce que j'éprouve. J'ai de la compassion et de la pitié pour les malades ou ceux qui souffrent. La souffrance physique que mon père ressent de par sa maladie, prix de ses péchés moraux, est quelque chose de terrible pour moi. Comme si je voyais une sorte de justice divine en œuvre et qu'elle m'horrifiait.
J'ai énormément de mal à supporter les visites que je lui rends, dans les premières heures où je le quitte. Parce que c'est là que le sentiment de la pitié m'envahit le plus, c'est là que le blues monte salement en moi, tout comme l'angoisse que ça soit la dernière fois que je le vois.
Quelque chose est mort en moi aujourd'hui. Parce que j'ai découvert que j'étais meilleur que mon père et que toutes les fois où il me disait " t'es un minable ", il jalousait inconsciemment quelque chose en moi. Ma sagacité, mon esprit de répartie, ma clairvoyance, ma liberté vis à vis des contraintes qu'il s'est imposées. Je ne sais pas très bien quoi. Mais il jalousait quelque chose en moi. C'est ma mère qui a mis le doigt dessus dans la voiture. Elle m'a éclairé en disant :
- De toutes les manières, le plus grand défaut de ton père a toujours été sa jalousie.
Il a donc construit un schéma mental où il pouvait être supérieur au monde et à tous ceux qui avaient eu plus de chances que lui au départ.
Et voilà que l'image du jour des résultats du bac me revient en tête. Enfin l'image. Je n'ai qu'un seul souvenir. Un seul. Mon père qui m'engueule parce qu'une mention " assez bien " ce n'est pas assez.
Tout à l'heure, j'ai vraiment failli me dire :
- Laisse tout tomber.
Mais je ne peux pas. Il reste la tendresse et la pitié. Et même si j'en souffre, mon ego supporte maintenant la pitié ou le fait que je puisse me sentir supérieur sur certains points aux gens.
Et puis je sais aussi que le schéma mental de mon père fait qu'il est capable d'aimer tous ceux qui sont " avec lui " ou qui ne le contredisent pas trop. Et que je suis rangé dans cette catégorie puisque je ne suis pas du genre à lui avoir reproché de s'être marié sur le tard ou d'avoir eu des maîtresses à foison. Il me considère également pour ce que je suis : un élément neutre dans le conflit et une sorte de lien qui lui permet tout de même d'avoir des nouvelles de ceux qui ont disparu de sa vie. Son âme peut aussi percer avec moi. De temps en temps.
Je me frotte les yeux.
Bon sang, je crois que je n'ai jamais eu autant de temps de pause devant mon journal. J'ai vraiment dû mal à trouver certaines tournures parce que même si mon ego supporte la pitié, ce n'est pas quelque chose d'évident à déclarer.
Quelqu'un est vraiment mort, c'est sûr.
Il s'appelait René et aurait pu réussir une putain de vie. Enfin non. Il ne s'appelait pas exactement René. Il s'appelait Sagesse de René et n'a jamais vraiment su revenir à la vie.
Bon sang, je bloque encore.
Sans doute parce qu'il n'y a rien à dire de plus. Quand je jetterais tes cendres, Papa, j'espère que les mauvais souvenirs seront balayés pareillement et que tu pourras retrouver ta putain de sagesse dans l'au-delà. T'as vraiment gâché certains aspects de ta vie plus que moi. L'avantage c'est que comme tu n'as plus vraiment cette sagesse, mais juste une certaine résignation, tu ne te rends compte de rien.
Continues à vivre dans l'univers que tu t'es créé en attendant. Tu peux croire à ton illusion de bonheur. Celle-ci me fait moins souffrir parce que j'ai moins de pitié à éprouver et que, parfois, tu sais montrer qu'il te reste quand même ton âme.
Je ne te laisserai pas tomber car si tu as fait quelques victimes autour de toi, tu es toi aussi une victime. Quant à moi, je cesse depuis peu d'en être une. Une partie de la souffrance de Rafael a été ravivée pour mieux mourir pendant que les paysages défilaient entre Brest et Douarnenez.
Il ne me reste plus qu'à espérer que la souffrance renaisse de ses cendres en se transformant en joie, intuition ou détermination. Je ferai certainement un signe au journal quand le phénix déploiera ses ailes…
Adieu Papa. Il s'en est fallu de pas grand chose…