Mon Pôpa, il a parti au Paradis, 12...
Il y a quatorze ans : Bloub
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Bon alors, d'un côté, aujourd'hui, on va être dans le pas sérieux puisque je t'ai incarné en crapaud, popa, pendant des années après ta mort...
Mais d'un autre côté on va nager dans le très sérieux et intime parce que j'ai réalisé des trucs récemment, des trucs lourds...
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J'ai été toute ma vie un poisson dans mon bocal, égoîste, inexpressif en sentiments, incapable de recevoir des compliments, compulsif et autodestructeur...
Et ça m'allait sans peine apparente jusqu'à présent de nager dans mon propre caca de poisson de l'espèce du complexe d'infériorité et du genre du looser..
Mais voilà, avec l'arrivée du petit Aoden dans ma vie et des claques réalisées cette année, le bocal s'est percé et j'ai vu...
J'ai vu et j'ai réalisé l'étendue des dégâts que je m'étais fait à moi et que je faisais à ma femme mais qu'il est hors de question que je fasse à mon fils ou que je continue à faire à qui que ce soit..
Alors, j'ai commencé une thérapie pour chercher où il pouvait y avoir cette faille me permettant la guérison dans ma carapace, faille que je pensais que tu n'avais jamais eue pôpa...
Et puis j'ai réalisé que sur la fin, avec moi, tu m'avais fait le cadeau, peut-être empoisonné pour certains, de péter ta propre faille en m'appelant avant d'en finir et en révisant ton testament...
Cela dit, la fin de ta vie ne fait pas tout, c'est tout le reste qui m'a laminé et qu'il faut maintenant que je soigne en faisant une analyse assez poussée de ma psychée apparemment fort complexe...
 
Alors, désolé pôpa, mais je dois tuer l'image unique du pardon que je me suis faite de toi pour apprendre à me reconstruire, tu n'interviendras plus dans ces pages, sauf le jour de ton anniversaire, je coupe les ponts.
 
'Culé...
Nan, 'culé toi même !
 
Nan, je disais 'culé parce que tu vas mieux réussir à être un père que moi et pour ça, c'est un 'culé de bravo...
Bon en même temps, comme je dois te tuer au figuré tu peux me dire 'culé...
 
Re 'culé, alors, mais à nous deux... Parce qu'est-ce qu'on aurait pu faire une photo rigolote comme celle du bas si j'étais resté vivant.
T'inquiètes, quand je ferai la même avec mon fils et je te mettrai en crapaud...
 
Re 'culé va.
Eh eh eh.
De rien.
 
Dédié à mon vieux qui a su s'ouvrir sur la fin, mais pitin, qu'est-ce que j'en ai chié aussi toute ma vie.
Ah pitin, j'espère que si la réincarnation existe, t'es quelque part où tu peux te marrer autant que sur cette photo, tiens...

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Allez hop, à l'année prochaine...
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Et un coucou d'Aoden, quand même, avant qu'il ne soit en âge de jouer avec ce crapaud :)..

Bonus (avec une variante)...
Lorsque l'hiver vient, lorsque la lumière s'éteint...
Je me demande ce que je ferais si tu étais là.
Voici donc onze ans déjà, tu m'as appelé un mardi.
Tu m'as dit que tu allais partir.
Je t'ai laissé faire.
Je savais.
Tu avais fait ton choix.
Tu es parti comme tu avais décidé.
Tu m'as laissé sans que j'apprenne.
Sans que j'apprenne tout de toi, c'est comme ça.
Lorsque l'hiver étend son manteau d'ombre sur ta tombe.
Je ne suis pas là, je ne peux pas, c'est comme ça.
Là où tu es, il n'y a plus rien pour moi.
J'ai fait aussi mon choix.
Est-ce que tu savais ?
Oui, peut-être...
Mais ici, nous voilà.
Et un nouveau cycle commence.
Enfin, vraiment. Sans toi.
Avec lui.